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Présentation

  • : L'Amandier
  • : L'Amandier est une association dont l'objectif est de maintenir vivante l'oeuvre de Georges Brassens et de lui donner la place qu'elle mérite dans notre patrimoine culturel collectif.
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Tout commence par une strophe raturée, définitivement abandonnée...

Strophe-rayee.jpg

 

Et le brouillon précédent se terminait par une strophe dont le début a lui aussi été modifié...

Fin-abandonnee.jpg

 

Ce deuxième extrait suffit pour identifier le titre dont il est question ici. Et finalement, Brassens préférera se charger lui-même du message de pardon. Il ne chargera plus l'auditeur de servir d'intermédiaire. Peu lui importe désormais de savoir où elle se trouve.

Il est vrai qu'en ce " lundi de Pâques 54 ", le temps où la petite Jo avait disparu était déjà bien loin. Plusieurs années. Brassens veut peut-être montrer que la page de Putain de toi est tournée. (voir au sujet de la petite Jo : Brassens & Paris , à la fin du paragraphe consacré au XIV° arrondissement). Car les proches comme Gibraltar ou André Larue, qui ont soutenu Brassens durant cette aventure douloureuse, sont unanimes : c'est bien à la petite Jo que cette chanson fait référence. C'est elle qui fait dire à Brassens

Le bout du cœur

(Encore un magnifique exemple d'expression " défigée ")

 

 

 

Fin avril 1954, Brassens considère la chanson comme aboutie et, comme d'habitude, en recopie soigneusement le texte de sa main.

Le 11 août il la présente comme " nouvelle chanson " dans l'émission Télé-Vichy.

 

Il n'est pas encore vraiment à son aise face aux caméras... son regard cherche refuge vers sa guitare ou ses chaussures, et son trac est tel qu'il en oublie un couplet ! Mais qu'importe, le titre est " dans la boîte ". Heureusement, car ce sera la seule fois. Du moins avec cette mélodie pleine de tendresse, qui évoque un peu les complaintes médiévales.
Quelque temps plus tard, il reprendra ces mêmes couplets, sur une musique plus vive, plus alerte, " d'une telle évidence qu'elle entre de plain-pied dans le répertoire populaire " (Alain Poulanges - Les Manuscrits - Ed. Textuel). Et il étoffera le refrain, grâce auquel la chanson deviendra le " tube " que l'on sait : Une jolie fleur était née...

Le titre sera enregistré le 28 octobre 54, et sortira en novembre, d'abord en 78 Tours, couplé - sans doute pas par hasard -  avec  La première fille !

 

On ne s'étonne plus de son succès, y compris auprès du public féminin. Joel Favreau a même réussi, un soir de festival, à s'interrompre et à solliciter les femmes de l'assemblée pour qu'elles chantent le troisème couplet. Et elles l'ont fait... clamant, comme un seul homme, que " pour l'amour on ne demande pas...".

 

L'histoire finirait ici, mais...Christian Mars, dans la présentation des chansons qui complète l'ouvrage qu'il a écrit avec Victor Laville, note  que "Quelques dames, et non des moindres, revendiquent être l'héroïne d'Une jolie fleur dans une peau de vache...". Qu'est-ce à dire ?

Parmi elles, une certaine Nadine Lhospitalier, à la scène dans les années 50-60 Nadine Tallier, avant de devenir Mme la Baronne Nadine de Rothschild.

Le bout du cœur

(l'intégralité de l'article ICI)

 

Relevons à peine une confusion dans les dates : Anvers, c'était au printemps 1955, l'Olympia en octobre de la même année, et Brassens y avait chanté Une jolie fleur  un an plus tôt. Peut-être, en effet, a-t-il jugé que ce refrain convenait bien à la dame... à moins d'imaginer qu'il l'ait écrit de façon prémonitoire !

Qu'importe d'ailleurs, la chanson vivra plus longtemps que des " souvenirs " plus ou moins arrangés.

On peut seulement regretter que la première version soit totalement tombée dans l'oubli. D'autant qu'il est permis à chacun d'avoir une préférence pour l'une ou l'autre...

Laissons le mot de la fin à Brassens :

Il y a quand-même Il y a quand-même...

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