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L'Amandier est une association dont l'objectif est de maintenir vivante l'oeuvre de Georges Brassens et de lui donner la place qu'elle mérite dans notre patrimoine culturel collectif.
On sait que Brassens était très réticent à l'idée de "faire l'acteur". Il a refusé plusieurs propositions qu'il jugeait sans intérêt, allant même jusqu'à sous entendre qu'il pourrait faire un film s'il en écrivait lui-même le scénario. Mais il y avait renoncé, ne voulant pas s'éparpiller et prendre sur le temps qu'il consacrait à l'écriture de ses chansons. Pourtant, au cours de sa tournée de l'été 1956, la nouvelle tombe :
Mais voilà, le scénario du film est une adaptation de La grande ceinture, roman de l'ami René Fallet. C'est donc pour lui faire plaisir qu'il a fini par accepter.
Mais René Clair et Pierre Brasseur ont aussi leur part dans sa décision :
René Clair
Brassens et Fallet auront chacun leur vision de l'expérience :
Quant à René Clair, il a le regard lucide du professionnel.
Pour ce film Brassens a écrit trois chansons : Au bois de mon cœur, qui ouvre la première séquence, Le vin, également chantée dans le bistrot du quartier, et L'amandier (voir à ce propos ICI).
C'est la musique de La marche nuptiale, publiée comme les trois chansons dans l'Album IV, qui sert de générique. A l'origine elle avait été composée pour le poème de Paul FortL'enterrement de Verlaine. Et, plus loin, Maria et Juju dansent une java sur une musique intitulée La bonne fortune, qui servira pour Embrasse - les tous.
Outre les musiques, ce film laissera une autre trace : le surnom de Pierre Onteniente.
Le fidèle homme à tout faire de Brassens raconte lui-même.
Pour consulter les articles de presse concernant " Porte des Lilas ", voir le site ADSA :
Voilà encore une collaboration à un film qui doit beaucoup à l'amitié. Brassens et Yves Robert se connaissaient depuis l'époque des Trois Baudets.
Jacques Vassal raconte l'histoire de ce générique :
Le thème de la chanson n'intervient ensuite qu'une seule fois dans le film, mais à un moment particulièrement crucial, et quelque peu modifié (sans doute par José Berghmans, chargé de l'illustration musicale) pour l'adapter aux circonstances.
Voici le très court extrait en question. Le curé de la paroisse vient d'annoncer avec lyrisme la présence d'un célèbre prédicateur : "C'est la parole de Rome que vous allez entendre". Et il lui cède la place en chaire.
Suit un sermon de Philippe Noiret en Père Latuile dont vous n'aurez aucun mal à trouver la vidéo (c'est un grand moment ! ). Si d'ailleurs vous trouvez ce film dans quelque médiathèque ou chez un loueur, n'hésitez pas : la bande des copains profite de quelques jours de vacances pour se livrer à trois énormes canulars dont les "victimes" sont l'armée, l'église et l'administration. Il y avait là de quoi réjouir Brassens.
Au générique d'ailleurs, des noms qui n'engendrent pas la mélancolie : Philippe Noiret donc, Guy Bedos, Claude Rich, Michael Lonsdale, Christian Marin, Jacques Balutin, Pierre Mondy. 7 copains, qui se sont joints à Yves Robert pour dédicacer la pochette du disque.
Mais Jacques Vassal évoquait ci-dessus plusieurs musiques, entre lesquelles Yves Robert avait fait son choix.
Voici un exemple, encore manifestement à l'essai :
Une autre version, paroles et musique, de la chanson sert de générique au documentaire " En bateau avec Georges "
Enfin, Jacques Vassal rappelle que "Les copains d'abord" a été le titre phare du 33 Tours sorti par Philips en 1964 (le premier 30 cm, devenu Album VIII). C'est peu dire. On peut d'ailleurs regretter qu'il ait totalement éclipsé, et pour de nombreuses années, les autres titres qui composent cet album. Mais voici ce que Vassal ajoute à propos de ce " tube ".
Oui, les "qui vous voulez d'autre" de l'Amandier par exemple, en ont fait l'expérience. Et parfois, pour certains, à contre-cœur. D'ailleurs cette pratique ne fait pas l'unanimité. Voici par exemple ce qu'écrivait à ce propos Bertrand Dicale, autre auteur de référence en ce qui concerne Brassens :
"Le même moment pénible se répète dans les festivals ou les concerts d'hommage à Georges Brassens. Il y a toujours une bonne âme pour s'exclamer : "Avant de nous séparer, on pourrait chanter tous ensemble Les Copains d'abord". Tant que le Parlement n'aura pas voté l'interdiction d'exécution collective et publique des Copains d'abord on continuera à souffrir de ces chorales improvisées braillant sans vergogne".
Revue Serge, janvier 2012
Et Joel Favreau lui-même prévient ses stagiaires guitaristes que les adieux ne se feront pas aux accents de cette chanson.
L'un des derniers films tournés par Jean Gabin, d'après "Il était un petit navire" de René Fallet. Brassens a composé la musique. Si on identifie un air de famille entre le générique et le duo de guitares que nous connaissons sous ce titre, on ne l'entend pas dans le film. Ce que nous connaissons est en fait une bande de travail. Elle a été reprise pour un autre film "Les fautes d'orthographe" (Jean-Jacques Zilbermann, 2004), dont l'illustrateur musical était... Joel Favreau.
Sorti en 1971, Le drapeau noir... n'a pas connu un grand succès auprès du public, malgré la présence de Gabin et les dialogues de Michel Audiard. Vous pouvez vous faire votre propre opinion.
Ce qui est certain en revanche, c'est que nos amis Andrea et Franco ont eu un beau succès en interprétant ce duo aux Brassensiades 2012
Les autres "interventions" de Brassens au cinéma sont "involontaires". Il s'agit, dans la majorité des cas, d'emprunts, d'une chanson ou d'un extrait. On en trouvera la liste sur le site de Vincent Lanceau : Cliquer ici.
A signaler deux curiosités "historiques" :
Marina Vlady, âgée alors de 17 ans, interprète Chanson pour l'Auvergnat, dans Le crâneur, film de Dimitri Kirsanoff (1955), avec Raymond Pellegrin et Paul Frankeur, qui apparaissent dans la vidéo ci-dessous.
Daniel Gélin, lui, interprète Le parapluie, en 1953 dans Rue de l'Estrapade, de Jacques Becker, avec Louis Jourdan, Micheline Dax, Jean Servais. C'est à Anne Vernon qu'il voulait sans doute dédier "elle avait quelque chose d'un ange".
Freddy, le copain guitariste de Daniel Gélin, est Henri Belly.