Le bricoleur (Patachou)
Le myosotis (Sacha Distel)
La file indienne (Bernard Lavalette)
Le chapeau de Mireille, Le vieux fossile, Une petite Eve en trop (Marcel Amont)
Le bricoleur
Il ne faudrait pas oublier que Brassens, initialement, n'envisageait pas de chanter lui-même. Son objectif était d'écrire des chansons et de les proposer à des interprètes bien choisis.
C'est Patachou qui a su le convaincre. Elle accepta toutefois de mettre quelques titres à son répertoire, et les enregistra.
C'est donc à elle qu'il revient d'ouvrir cette rubrique.
Sur ce premier disque de chansons de Brassens figurent des titres que l'auteur, devenu interprète, reprendra ensuite, mais aussi Maman, Papa et Le bricoleur.
Ecouter Patachou ICI
Le titre original n'était pas Le bricoleur, mais La chanson du bricoleur. Elle commençait d'ailleurs par un couplet devant être chanté par un homme, que Patachou ne pouvait bien entendu pas conserver.
Patachou a également écarté deux autres couplets :
Chaque matin dans la prière
Qu’ils adressent à Dieu le père
La majorité des chrétiens
Réclament le pain quotidien.
Mon mari beaucoup plus modeste
Ne demande à l’être céleste
Rien d’autre qu’un clou à planter
Ou qu’un trou quelconque à boucher.
et :
L’autre jour ma fille cadette
Trempée des pieds jusqu’à la tête
Vint se blottir entre mes bras
En pestant contre son papa.
"J’avais égaré, me dit elle,
Dans le noir une jarretelle
J’appuie su’l’bouton pour voir clair
Je r’çois un’douch’ froid’ sur le blair".
Dernier détail, les fameuses répliques "Boîte à outils" ne figurent pas dans le manuscrit. Elles ont sans doute été proposées et ajoutées par les musiciens de l'orchestre de Léo Clarens, qui animait à l'époque le cabaret de Patachou.
Une chanson offerte à Sacha Distel, neveu de Ray Ventura, qui l'enregistra en 1954.
(cliquer sur la photo)
Brassens chantant pour la première fois Le myosotis à Sacha Distel (1954)
Source : site officiel de Sacha Distel
Georges avait écrit un couplet supplémentaire, que voici :
Si tu vis encor',
Petite pécor',
Un d' ces quat' jeudis,
Viens si l'coeur t'en dit
Au dernier asile
De cet imbécile
Qui a gâché son coeur,
Au nom d'une simple fleur.
Y a neuf chanc's sur dix
Qu' le myosotis
Te dise tout bas :
Ne m'oubliez pas.
La file indienne
Brassens écrivit cette chanson au tout début des années 50. Il en existe un enregistrement privé, chez Pierre Cordier à Bruxelles en 1952. La même année il la propose à Maurice Chevalier qui renonce après un essai décevant en public . Un peu plus tard les Frères Jacques la refusent. L'un d'eux prétextera "nous n'aurions jamais pu chanter un texte où on bute un flic". Elle sera finalement créée au cabaret par le chansonnier et comédien Bernard Lavalette.
Ci-dessous Bernard Lavalette et Georges en 1956, à Besançon lors d'une tournée.
A droite le directeur du Casino de l'époque, à gauche Bugette, qui incarnera, peu après le brigadier de Porte des Lilas.
(cliquer sur la photo)
Pour Marcel Amont
Le chapeau de Mireille
Marcel Amont raconte d'abord dans quelles circonstances cette chanson est venue enrichir son répertoire.
(cliquer sur la photo)
Beaucoup plus tard, il confirme et précise l'histoire de cette chanson (cliquer) :
L'enregistrement vaudra à l'interprète Marcel Amont les compliments de l'auteur Georges Brassens :
" Bravo, Marcel Amont, pour avoir attrapé en plein vol ce Chapeau de Mireille et l'avoir défendu avec tant d'adresse et de grâce, et sans en faire le moins du monde un chapeau pointu de carnaval. Je suis heureux de t'avoir montré mon affectueuse estime en te le confiant".
Mais tout de même, cette question de " tempo " alimentera les conversations. Par exemple chez Guy Lux, qui ne pouvait pas laisser passer si belle ocasion.
Voici une autre version " télévisuelle ". Elle est surtout intéressante par les invités : apparaîssent successivement Pierre Louki, Anne Sylvestre, Püpchen, René Fallet. Aux côtés de Georges, Eric Battista. Pour le reste, chacun estimera...
Les deux hommes se connaissaient depuis leurs débuts respectifs.
Marcel Amont évoque ses souvenirs (cliquer sur la photo).
Le vieux fossile
Musique de Marcel Amont
Peu d'informations à propos de cette chanson.
Un interprète de Brassens (Richard Parreau) rapporte sur son blog l'anecdote suivante, sans doute extraite de souvenirs de Marcel Amont :
"Depuis une dizaine d'années, j'avais aussi un texte qu'il m'avait donné; Le vieux fossile. Je décide de lui faire une surprise et de le mettre en musique. Je l'enregistre en studio, avec des violons, tout ce qu'il faut pour le mettre encore plus en valeur. Je pars chez lui, mon disque sous le bras pour le lui faire entendre.
"Tu sais, j'ai mis un de tes textes en musique!"
"Ah oui, lequel?"
"Le vieux fossile"
"c'est marrant, moi aussi j'en ai fait une".
Devant mon air désapointé, j'étais tellement déçu, Georges me dit:"C'est pas grave tu sais, de toutes façons pour moi c'est toujours bon de travailler. Fais moi écouter ta musique".
Marcel n'est sans doute pas très clair avec la date. L'enregistrement date de 1979. Or on trouve dans les manuscrits de Georges un texte que J.P. Liégeois (œuvres Complètes, Ed. Le cherche midi) situe en 1974 ou 75, qui était manifestement une première version. On ne saura sans doute jamais quelle musique Brassens avait déposée sur ces strophes de Jamais contente, que voici.
Une petite Eve en trop
Musique de Marcel Amont
Troisième et dernière chanson interprétée par Marcel Amont.
Elle pourrait trouver sa place dans le chapitre "chansons posthumes", puisque l'enregistrement date de 1982.
Des couplets, il y en avait trois.
Celui qu'il n'a pas chanté (sans doute pour permettre un indispensable "retour à Roland Garos"), disait :
J'ajoute à ce propos qu'il ne m'déplairait pas
Qu'aux alentours du cœur elle eut quelques appas,
Quelques appas.
Quand les fruits du pommier ne sont plus de saison,
Heureux qui croque encore la pomme à la maison.
Par avance, Seigneur, je vous en remercie,
Donnez-moi vite une compagne, même si
De l'une de mes côtes il faut faire les frais.
Maintenant, j'en suis plus à une côte près !
Petit complément, qui renvoie trente ans plus tôt et au début de cette page,
Patachou raconte que Georges la surnommait
le pommier, "à cause de mes formes", croit-elle utile d'ajouter.