L'AMANDIER
On sait que l'amandier est un arbre dont les fleurs apparaîssent avant les feuilles. Chez Georges Brassens, les fruits ont même précédé l'arbre : une première version de l'Amandier (la chanson) s'appelait en effet Trois amandes.
La voici, avec en (véritable) exclusivité pour l'Amandier (l'association), la première strophe manuscrite :
À l’oreille, ell’ me dit un jour :
Je suis belle et je suis gourmande ;
Et si tu me donnes une amande,
Je te donne un baiser d’amour.
Grimpe vite à l’arbre ma mie,
Et grignote et croque et picore ;
Et redescends plus vite encore
Me donner le baiser promis.
Ell’ s’en donne à bouch’ que veux-tu,
Puis me dit d’une voix ficelle :
Quand les amandes auront des ailes,
Je te donn’rai le baiser dû.
Trois amandes dans le ciel bleu.
En moins de rien je recommande
Mon âme au bon Dieu des amandes
Et je monte à l’arbre, parbleu.
Mes amandes, quel branle-bas !
Ell’ m’échappait comme une anguille
Et me bombardait de coquilles
En chantant « M’aura, m’aura pas ! »
Elle les avait toutes mordues,
Toutes grignotées, mes amandes ;
Mais sa jolie bouche gourmande
En baisers me les a rendues.
Mais je l’ai regretté parbleu.
C’était là toute ma fortune.
Trois baisers, toute une fortune ;
Trois amandes dans le ciel bleu.
Avant la version définitive, enregistrée en mai 1957, il y eut d'autres textes intermédiaires, mais toujours, semble-t-il, sous le titre de 3 amandes. Voici un deuxième extrait des manuscrits.
Ci-dessous, Brassens mettant la dernière main au manuscrit de L'amandier(1956).
La première apparition de L'amandier illustre une scène de Porte des Lilas (1957). Juju (Pierre Brasseur) et l'artiste tentent de se donner une contenance lors de la visite des gendarmes, qui fouillent toutes les maisons du quartier à la recherche d'un malfaiteur présumé dangereux, que les deux hommes ont caché dans la cave. Le brigadier qui commande la patrouille est interprété par Bugette. Voici la scène, extraite du "roman-photo" publié à l'époque par le mensuel Nous Deux - Film (N°40).
L'artiste accentue un peu les paroles : "Le beau le joli métier", ce qui irrite le brigadier.
Le brigadier soulève la trappe et examine la cave sans succès. Les gendarmes quittent la maison.
La chanson n'aura dévoilé qu'une petite partie de ses couplets.