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Voilà pour l'historique de la pratique poétique du Blason.
Laissons un instant le texte pour évoquer la musique. Nous sommes à quelques jours de la première, et Brassens n'est pas entièrement satisfait de ce qu'il va présenter au public (cliquer pour allumer la radio).
Remarquons que Brassens utilise le mot " inexpressible " qui n'appartient pas à la langue française ! Certes, " inexprimable " ne rime pas avec " impossible ", et il manque une syllabe à " indicible ". Mais tout de même, c'est un événement...
Oui, Georges se déclare "contre le fait de dire des vers" et il faut bien admettre que c'est un exercice où on ne le sent pas particulièrement à son aise. Mais du coup, nous voici revenus au texte, car il les dit ces vers, et tout particulièrement les strophes dont il demandait à Fallet, en post-scriptum de la lettre ci-dessus :
" Veux-tu me dire si les 6 strophes qui précèdent les deux dernières (" Les noms des fleurs et des pierres précieuses " [Il oublie les noms de lieux NDLR.]) apportent quelque chose ou non ? ". Encore un doute donc... (cliquer pour allumer la radio).
Et c'est avec ces doutes, à propos du texte et de la musique, qu'on le retrouve dans sa loge de Bobino, en compagnie de René Fallet et de André Tavernier, son ingénieur du son chez Philips, la seule personne, peut-être, à qui il s'adressera et dont il parlera en disant toujours " Monsieur ".
Et un nouveau doute survient : le public comprendra-t-il de quoi il parle ?
Et une angoisse : saura-t-il la chanter par cœur ?
Mais c'est l'heure. Le papier, par sécurité, et en scène.
A Bobino comme ailleurs, on frappe les trois coups, avec un bâton nommé " brigadier " !
Et ce n'est pas fini ! lors d'une des séances suivantes se produisit un incident que tout guitariste peut s'attendre à vivre un jour sur scène, Brassens comme les autres, mais cette fois la caméra était présente. A noter que la version présentée a déjà été remanié par rapport à celle de la première. Décidément cette chanson n'était pas disposée à être livrée au public, et elle le fait savoir.
Révérence parler aura une carrière de courte durée. Après quelques représentations, elle est retirée du programme.
Brassens se dit satisfait du texte, mais les extraits que publie La Dépêche montrent qu'il n'est pas encore définitif. Quant au néologisme, il a toujours les faveurs de l'auteur, au point de devenir le titre de la chanson ! Lui non plus ne survivra pas...
Révérence parler retourne à la table de travail pour le texte et au clavier pour la musique. Ainsi viendra Le blason.
Brassens supprimera de nombreuses strophes, fera quelques corrections dans les autres, changera l'ordre.
Voici, en vis à vis, les textes complets de ces deux chansons, dans l'ordre des strophes de Révérence parler.
Le blason est rarement interprétée en récital. On trouvera dans Album XI la version de notre ami Guy Pothier. C'était le 22 octobre 2011, lors du concert final du "mois anniversaire", donc très précisément le jour des 90 ans de Brassens.
Mais voici une version féminine. Celle de Marie d'Epizon, lors des Brassensiades 2014. A la guitare Thomas Fontvieille, à la contrebasse Jean-Pierre Barreda.