Acte I : le Grand Prix de Poésie
Acte II : un fauteuil sous la Coupole ?
L'idée semble naître un soir de récital à Bobino.
Les choses en restent là, mais manifestement Georges compte des admirateurs dans cette assemblée.
Acte I : le Grand Prix de Poésie
En 1967, le journaliste Louis Nucéra, grand ami de Brassens intervient auprès de quelques académiciens et un groupe se forme pour proposer l'attribution à Brassens du Grand Prix de Poésie, qui est une récompense annuelle. Et Georges a même recueilli une "consigne" de vote.
René Clair, le réalisateur, 10 ans plus tôt, de Porte des Lilas raconte l'accueil que reçoit cette idée.
Il répond à Jacques Chancel, en 1974.
Si René Clair évoque, avec la réserve due à sa qualité d'académicien, les réticences de "certains journaux", Louis Nucéra, pour sa part, désigne clairement un article du nommé Alain Bosquet. C'est, il faut bien le dire, un morceau d'anthologie !
Le même jour parait dans Le Monde une tribune qui a le mérite d'élever le propos.
René Fallet, quant à lui, désamorce à l'avance les éventuelles critiques des " amis ", et raconte comment Georges et lui ont vécu l'annonce de ce prix.
Petite parenthèse, Fallet évoque " le voisin Peynet ". Il s'agit bien du dessinateur, auteur, entre autres, des célèbres "Amoureux", série de dessins sans laquelle Brassens disait que la chanson " Bancs publics " (titre initial éphémère) n'aurait sans doute jamais existé.
Brassens et la famille Peynet étaient voisins depuis que Georges avait quitté l'impasse Florimont pour s'installer au Méridien, habité également à l'époque par Jacques Brel (voir Brassens et Paris).
Peynet immortalisera à sa manière la récompense de l'Académie et ses possibles suites...
Enfin, la revue Les Lettres Françaises salue dans cette distinction une forme de reconnaissance décernée par l'Académie à cet art dit " mineur " qu'est la chanson. Il est tout de même à signaler que l'habituel rédacteur de la rubrique littéraire s'est fendu d'un court article expliquant qu'il laissait la place pour l'occasion à son collègue chargé des " variétés ". Une façon de dire " il ne faut tout de même pas mélanger les genres ". On ne le regrettera pas, car René Bourdier, qui a donc signé celui-ci, a toujours écrit au sujet de Brassens des articles de grande qualité.
La chanson honorée
Mais ces éloges n'ont pas modifié l'opinion d'Alain Bosquet. Plusieurs années plus tard, il persiste et signe, en réponse à Jacques Chancel.
Les bibliophiles auront reconnu la couverture de la collection Poètes d'aujourd'hui, ce qui suffit à classer Alain Bosquet parmi eux. Il fut d'ailleurs lauréat en 1968, c'est à dire l'année d'après Brassens, de ce même Grand Prix. Les académiciens ont vraiment beaucoup d'humour...
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Acte II : un fauteuil sous la Coupole ?
Imaginant peut-être que cette récompense mettrait Brassens dans de bonnes dispositions, ses amis académiciens reviennent à la charge. Brassens répond avec calme, comme toujours, et sans vraiment prendre cet appel du pied au sérieux.
René Clair, lui, ne se fait aucune illusion.
Et en effet, il l'avait pressenti dans son discours prononcé lors de la remise du prix (cliquer sur l'icône)
Et René Fallet s'en mêle. D'abord en rigolant avec Georges, puis plus sérieusement.
Enfin, puisqu'il est décidé que cette proposition n'est qu'un canular, Yvan Audouard tire le rideau avec un pseudo discours de réception de Brassens sous la Coupole (cliquer sur l'icône).
Et c'est également lui qui rapporte l'argument imparable trouvé par Georges pour justifier son refus.